Hélène Subremon et Jean-François Mouhot ont été récompensés pour leurs travaux par Antoine Corolleur, président de l'AARHSE en juin 2013.
Présentation d'Anthropologie des usages de l’énergie dans l’habitat (Hélène Subrémon), sur le site du Cerema :
"Les politiques de maîtrise de l’énergie dans l’habitat, et plus largement dans les bâtiments, se fondent sur une réglementation plus exigeante des normes de construction.
Elles s’appuient également sur un certain nombre d’aides financières incitant les ménages à réaliser des travaux ou à acquérir des équipements de chauffage plus performants.
On sait que ces efforts ne permettront pas d’atteindre les objectifs fixés en matière de réduction du CO2 si les pratiques ne « suivent pas » ou si elles contrarient, dans l’usage quotidien qui en est fait, le fonctionnement attendu des appareils domestiques, qu’ils consomment de l’énergie à des fins de chauffage ou à d’autres finalités (cuisine, toilette, travail, loisirs…).
Mais que sait-on au juste des pratiques et usages de l’énergie dans l’habitat ? Que peut-on attendre des habitants que nous sommes, pris entre bonne volonté écologique et exigences de confort, entre difficulté à se chauffer et souci d’économiser, entre « raison domestique » et prescriptions techniques ? Suspendant pour un temps tout jugement et toute posture normative, cette étude fait le point sur la question à partir d’un tour d’horizon de la littérature sociologique et anthropologique sur le sujet et en l’assortissant d’une riche bibliographie commentée, tant française qu’étrangère."
Présentation de l'ouvrage de Jean-François Mouhot (catégorie Essais, arts, publications) : Des esclaves énergétiques, publié aux éditions Champ Vallon, par Christophe Bouneau, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bordeaux.
« Avec Réflexions sur le changement climatique, Champ Vallon, 2011, Jean-François Mouhot nous offre un essai global voire un traité historique, dans l’acception la plus noble du terme, du concept et de l’exercice. Par l’étude du parallélisme entre la trajectoire de l’esclavagisme et celle de l’énergie thermique ou carbonée il répond pleinement à la volonté de l’AARHSE de couronner par son prix des ouvrages originaux,
– en adoptant une perspective transversale énergéticienne,
– en dépassant le champ strictement historique pour s’inscrire dans la démarche interdisciplinaire des sciences humaines et sociales (un directeur de MSH ne peut que saluer ce positionnement SHS…),
– et en suscitant la réflexion globale, en « provoquant » littéralement le lecteur.
Nous pouvons ainsi inscrire l’essai de Jean-François Mouhot dans la droite ligne de ceux du socio-anthropologue Alain Gras, Le choix du feu. Aux origines de la crise climatique, Fayard, 2007, 286 p. et du politiste Timothy Mitchell, Petrocratia. La démocratie à l’âge du carbone, Editions Ere, 2011, 113 p.
Jean-François Mouhot est Docteur en Histoire de l’Institut Universitaire de Florence et est chargé de recherche à l’Université Georgetown (Washington D.C.) et à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris). Il a étudié et enseigné l’histoire et la géographie en France, en Grande-Bretagne, au Canada, en Irlande, aux Etats-Unis et en Italie (Institut Universitaire Européen) et s’intéresse de longue date aux problèmes environnementaux et énergétiques. Il vient de commencer en 2011 un projet financé par la Commission européenne portant sur l’histoire environnementale d’Haïti (1492-aujourd’hui).
Avec une préface de Jean-Marc Jancovici, stimulante comme toujours, l’essai explore les liens historiques et les similarités entre esclavage et utilisation contemporaine des énergies fossiles et montre comment l’histoire peut nous aider à lutter contre le changement climatique. Il décrit d’abord le rôle moteur de la traite dans l’industrialisation au xviiie siècle en Grande-Bretagne, puis explique comment l’abolition de l’esclavage peut être pensée en lien avec l’industrialisation. En multipliant les bras «virtuels», les nouveaux esclaves énergétiques que sont les machines ont en effet progressivement rendu moins nécessaire le recours au travail forcé. L’ouvrage explore ensuite les similarités troublantes entre l’utilisation des énergies fossiles aujourd’hui et l’emploi de la main-d’œuvre servile hier, et les méthodes utilisées par les abolitionnistes pour parvenir à faire interdire la traite et l’esclavage. Ces méthodes peuvent encore inspirer aujourd’hui l’action politique pour décarboner la société."